Paul Clavier enseigne l’histoire de la métaphysique et la philosophie de la religion à l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Outre un travail académique d’ampleur sur l’introduction et la sortie en philosophie du concept de création (Ex nihilo, 2 volumes Hermann 2011) et une réfutation du créationnisme (Qu’est-ce que le créationnisme ?, Paris Vrin, 2012), il a écrit récemment Anathèmes, Blasphèmes & Cie (Le Passeur 2016).

Paul Clavier teaches history of methapysics and philosophy of religion at the Ecole Normale Supérieure (Paris). Besides a large academical work on the rise and fall of the concept of creation in philosophy (Ex nihilo, in two volumes, Hermann 2011) and a rebuttal of creationism (Qu’est-ce que le créationnisme ?, Paris Vrin, 2012), he rencently wrote Anathèmes, Blasphèmes & Cie (Le Passeur 2016).


Déprivatiser Dieu

“Tous les problèmes sont religieux : pas de religions, pas de problèmes”. Ce diagnostic sommaire et paresseux se fonde sur un seul symptôme : l’instrumentalisation politique et sociale souvent violente de croyances religieuses.

Dès lors, leur interdiction ou au moins leur relégation dans la sphère privée serait un impératif de santé publique. Je suggère à l’inverse que la question de notre commune dépendance à l’égard d’un créateur est la clé de la paix. Derrière l’affrontement des confessions religieuses se joue une interrogation métaphysique cruciale : devons-nous notre existence à quelque puissance transcendante ou existons-nous par nous-mêmes ? Que devons-nous, et à qui ?

Je n’ignore pas que les réponses à cette question métaphysique sont divergentes.

Si les réponses divisent l’humanité, au moins apprenons à repartager publiquement la question.

De-privatizing God

« All problems are religious : no religions, no problems ». This rough and lazy diagnosis takes its roots in one particular phenomenon: the -frequently violent- political and social manipulation of religious beliefs.

In such conditions, forbidding or at least relegating religions to the private sphere sounds like a public health necessity. In contrast, I suggest that the question of our shared dependence towards the idea of “a creator” is key to peace. Behind the confrontation of religious denominations, a crucial metaphysical question is at stake : do we owe our existence to some transcendental power, or do we just exist by and for ourselves ? What do we owe exactly, and to whom ?

I am not ignorant of the fact that answers to this metaphysical question diverge.

If answers divide humanity, at least let us learn to share the question publicly again.

Conférence (20 minutes)

Salle II, 2h20