Jean Waddimir Gustinvil, Docteur en philosophie, rattaché au Laboratoire Dynamique des Mondes Américains (LADMA), enseigne la philosophie à l’ENS de l’Université d’État d’Haïti où il est co-responsable pour l’ENS du programme de maîtrise en sciences de l’éducation mis en place par l’ENS et l’Université du Québec à Chicoutimi. Ses travaux de recherches postdoctorales explorent les questions de violence politique et le conflit des mémoires (Victimes et bourreaux) dans une période post-dictature. Il s’intéresse aux enjeux politiques des mémoires des victimes dans la société haïtienne sortant des expériences troublantes des dictatures Duvalier et explore les impensés du discours épidermique dans la société haïtienne. Ses publications :

« Espace de pouvoir, espace discursif et complicités des mémoires dans le temps d’après les dictatures ». De la dictature à la démocratie? (sous la direction de Bérard Cénatus, Stéphane Douailler, et all..), p.411-432. ; « La démocratie haïtienne à l’épreuve de ses fantôme/spectre : la nuance ‘’épidermique’’ et le déni de justice. », Publication en cours ; « Du ‘’savoir’’ de l’Autre à la construction de soi : les enjeux du ’’savoir’’ dans la construction de l’État haïtien », Revue le mouvement n° 72, « Décoloniser les savoirs. Internationalisation des débats et des luttes », 2012/4, pp. 101-107 ; « Saint-Domingue : espace colonial et lieu de la formulation de l’énigme   (post)coloniale », in, « spatialités », Travaux en cours, N°9

Jean Waddimir Gustinvil has a PhD in philosophy, and is attached to LADMA (in French, Dynamic Laboratory for the American Worlds). He also teaches philosophy at the École Normale Supérieure (ENS) of Haïti State University, where he is in charge of the Education master’s degree, set up in collaboration with ENS and University of Québec in Chicoutimi. His postdoctoral researches explore questions of political violence and ‘memory conflicts’ (between victims and perpetrators) in a post-dictatorship context. He is interested in the political stakes of the victims’ remembrance in Haiti, in the aftermath of the troubling experiences endured during Duvalier’s successive dictatorships. He delves into the unsaid of a particular surface discourse in Haitian society. His publications include:

« Espace de pouvoir, espace discursif et complicités des mémoires dans le temps d’après les dictatures » in 2016, in Haïti. De la dictature à la démocratie? (sous la direction de Bérard Cénatus, Stéphane Douailler, et all..), p.411-432.

« La démocratie haïtienne à l’épreuve de ses fantôme/spectre : la nuance ‘’épidermique’’ et le déni de justice. », Work in progress; « Du ‘’savoir’’ de l’Autre à la construction de soi : les enjeux du ’’savoir’’ dans la construction de l’État haïtien », in, Revue le mouvement n° 72, « Décoloniser les savoirs. Internationalisation des débats et des luttes », 2012/4, pp. 101-107 ;

« Saint-Domingue : espace colonial et lieu de la formulation de l’énigme   (post)coloniale », in, « spatialités », Work in progress, N°9.


Violence et imaginaire du « corps » noir dans la « mémoire collective » caribéenne 

 Le discours de légitimation des peuples (les récits nationaux) dans la Caraïbe – peuple entendu dans son acception anthropologique comme une part d’une entité ethnologique – se trouve traversé par les lignes de couleurs i.e des différences épidermiques. Au lendemain de l’indépendance haïtienne, Jean Jacques Dessalines fait du « noir » l’un des critères nominatifs pour tous ceux qui ont la nationalité haïtienne. Cela n’empêche pas à certains de se réclamer de fils de Dessalines par opposition aux fils de Pétion (l’un des autres pères fondateurs de la nation haïtienne d’origine mulâtre). Le discours anti-haïtien en République dominicaine est un autre exemple. La République dominicaine a rendu apatrides des milliers de ses ressortissants d’origine haïtienne parce qu’ils ont été désignés comme Haïtiens sous-entendant donc africains. Ces deux exemples montrent que l’imaginaire politique des différents peuples de la Caraïbe reste hanté par la question épidermique. Comment penser/envisager le corps politique lorsqu’il est obsédé par la nuance épidermique ?

Of violence and the imaginary “black body” in the Caribbean “collective memory”

The legitimization discourse of Caribbean people (their separate national narrative) – people as in, a part of an ethnological entity, as defined by anthropology – is at the intersection of several color issues, i.e epidermal differences. In the wake of Haitian independence, Jean Jacques Dessalines singularizes “black” as a nominative criterion of everyone of Haitian nationality. This view does not prevent some to claim their belonging to Dessalines’ offspring, in opposition to Pétion’s offspring (another founding father of the Haitian nation, but of ‘mulatto’ descent). The anti-Haitian discourse in Dominican Republic is another example. The Dominican Republic has rendered stateless thousands of its Haitian descent citizens, precisely because of their Haitian-ness, which implies African ascendance. These two examples demonstrate that the political imaginary of the Caribbean people remains haunted by the epidermal issue. How do we start thinking the political body when it is so obsessively focused on skin shades?

Conférence (20 min)

Salle II, 22H35